Catastrophes naturelles Inondations, sécheresses, séismes, épidémies, déséquilibres écologiques, etc. : la liste des catastrophes naturelles est longue. Aujourd'hui, l'homme reste toujours très exposé aux risques naturels, mais cette exposition est très inégalitaire de par le monde. Certains phénomènes ne peuvent effectivement se produire que dans certaines zones géographiques, et la gravité d'une catastrophe dépend aussi souvent du niveau économique du pays où elle se produit. Pour mieux se prémunir, l'homme essaie d'abord de prévoir les phénomènes catastrophiques et, pour cela, les scientifiques tentent donc de comprendre les processus qui leur donnent naissance. Ensuite, la prévention des catastrophes est le plus souvent l'affaire des responsables politiques : évacuation des populations en cas de prévision de l'imminence d'un risque, mise en place de constructions parasismiques dans les régions menacées par les tremblements de terre, de plans d'urbanisation adéquats dans les zones inondables, de campagnes de vaccination, etc. Refusant le fatalisme, l'homme développe de plus en plus l'éventail des possibilités de prévision et de prévention des catastrophes naturelles.
Un séisme, une coulée de boue ou un cyclone, par exemple, touchent directement l'homme en faisant des victimes ou en provoquant de lourds dégâts. D'autres phénomènes naturels n'ont pas de conséquences directes sur l'homme et ses intérêts, mais leurs effets secondaires sont parfois tout aussi redoutables. Ainsi, la sécheresse, les ravages dévastateurs provoqués par les essaims de criquets, l'inondation de terres cultivées, une épidémie chez une race animale (une épizootie) domestique peuvent signifier à terme famine et maladies pour l'homme. Les liens entre catastrophes naturelles et risques technologiques sont nombreux. Par exemple, dans le cas de certaines inondations, quelles sont les parts respectives des processus naturels et des conséquences des plans d'urbanisation et d'occupation des sols ? De même, le réchauffement climatique de la planète, observé par la communauté scientifique est-il dû à une évolution purement climatique ou à une forte croissance des activités humaines depuis le début de l'ère industrielle (l'effet de serre) ?
Du fatalisme à la prévention
La perception sociale des catastrophes naturelles n'est plus celle qui avait cours dans les siècles passés. L'homme accepte de moins en moins l'idée que les catastrophes soient inéluctables ; l'attitude fataliste, qui opposait déjà Voltaire à Rousseau après le tsunami (raz de marée) de Lisbonne (1755), qui provoqua la mort de 20 000 personnes, n'est plus de mise. Bien sûr, l'homme ne peut espérer domestiquer les forces de la nature que sont les éruptions volcaniques ou les tornades. Il tente cependant d'éviter les éventuelles pertes humaines qu'elles occasionnent. Pour ce faire, les scientifiques - géologues, océanologues, météorologues, biologistes, etc. - s'efforcent de mieux comprendre les phénomènes naturels. En les étudiant et en les modélisant, les spécialistes permettent de mieux les prévoir - avec toutefois un taux de réussite très variable - et donc de mieux s'en protéger. Mais les scientifiques ne sont pas les seuls concernés par la démarche préventive, qui doit s'accompagner aussi de données techniques apportées par les ingénieurs (pour le génie parasismique ou paravalanche par exemple), ainsi que de données politiques et économiques. Les pouvoirs publics doivent jouer un rôle dans la préparation des populations exposées à un risque (préparation à l'évacuation rapide d'un site) et, lorsque la catastrophe se produit, être aptes à gérer la situation de crise (organisation des secours, aides aux sinistrés, etc.).
Classement et importance des catastrophes naturelles
Un grand progrès dans les sciences de la Terre et les sciences de l'environnement réside dans une idée simple : chacun des phénomènes naturels ne peut être totalement compris, et surtout prévu, que s'il est envisagé dans le cadre global du fonctionnement de la planète Terre. Toutes les couches du globe - asthénosphère, lithosphère, hydrosphère, atmosphère et biosphère - interagissent entre elles et s'échangent de la matière et de l'énergie. Par exemple, une éruption volcanique résulte de la fusion de la croûte terrestre en profondeur ou de mouvements de convection de matière dans le manteau terrestre. La même éruption peut injecter de grandes quantités de particules dans la haute atmosphère et induire des perturbations climatiques dans des régions très éloignées du volcan, qui apparaît ainsi comme un " intermédiaire " entre les couches les plus profondes du globe et celles qui sont les plus hautes de l'atmosphère. Cette notion interdit un classement des catastrophes naturelles par type de milieu : catastrophes au sol, catastrophes liées à l'eau, ou à l'atmosphère, etc.
Classer les catastrophes par ordre de gravité - c'est-à-dire en chiffrant les dégâts et les victimes - n'est pas plus satisfaisant. En effet, les conséquences secondaires (famines, épidémies, effondrements économiques des sociétés touchées), plus difficilement chiffrables, sont souvent plus importantes que les effets directs. Aussi, dans la suite de cet article, une classification en trois catégories (tout aussi arbitraire) a été adoptée pour sa simplicité : catastrophes à caractère géologique, catastrophes climatiques, catastrophes biologiques ou écologiques.
Pour les deux premières catégories, contrairement à une idée reçue, les séismes et les éruptions volcaniques ne sont pas les plus meurtriers. En effet, les cyclones (et les inondations associées aux cyclones) sont responsables à eux seuls d'environ 60 % du nombre cumulé des victimes : deux fois plus que les séismes, douze fois plus que les éruptions volcaniques et deux cents fois plus que les tempêtes, orages et tornades réunis. Pour fixer ces chiffres relatifs, on estime à trois millions de morts le nombre total de victimes de catastrophes naturelles à caractère géologique et à caractère climatique de 1970 à 1996. Depuis le XIIe siècle, 2,2 millions de personnes ont été tuées au cours d'un séisme (dont 900 000 en Chine) et 270 000 sont mortes des conséquences d'une éruption volcanique (dont 160 000 en Indonésie).
Catastrophes à caractère géologique
Les séismes sont dus aux frottements des plaques lithosphériques les unes contre les autres. De formidables contraintes s'accumulent aux points de contact des plaques, qui se libèrent brutalement le long de zones de fracture : c'est le choc sismique. Il est encore difficile de prévoir avec précision le moment et, parfois, le lieu exact, où se produira cette libération d'énergie. Des signes précurseurs existent - variation du niveau d'eau dans les puits, déformations du sol, émission de certains gaz (radon, hydrogène), variation du champ magnétique et du potentiel électrique, comportement anormal des animaux, etc. -, mais leur interprétation est délicate et ne permet pas pour l'instant une prévision fiable des séismes.
En revanche, la prévision des éruptions volcaniques donne des résultats beaucoup plus positifs. La surveillance des volcans actifs par des mesures, au sol ou par satellite, de leurs déformations (gonflements et apparition de failles), de leurs épanchements de surface (gazeux ou liquides) et des anomalies thermiques dues à la montée de magma, a permis dans plusieurs cas d'évacuer les populations avant la catastrophe. Les projections solides et les coulées de lave sont les effets les plus connus de l'explosion d'un volcan, mais les nuées ardentes - nuages chauds (de 200 à 900 °C) de gaz et de fractions solides en suspension pouvant dévaler les pentes à 600 km/h - sont pourtant les plus meurtrières.
Les lahars - coulées de boue formées de cendres agglomérées par de l'eau - sont aussi redoutables, mais leur trajectoire peut être prévue.
Les séismes et les éruptions volcaniques peuvent provoquer des tsunamis. En effet, en domaine océanique, ils provoquent le déplacement brutal d'un important volume d'eau, créant en surface une vague qui se déplace à près de 800 km/h et qui s'amplifie à l'approche des côtes : c'est alors un mur d'eau pouvant atteindre plus de 30 m de hauteur qui s'abat sur les rivages.
Les avalanches et les glissements de terrain peuvent aussi être dus à un séisme, mais, le plus souvent, la gravité de certaines conditions météorologiques suffisent. On distingue les avalanches denses et les avalanches poudreuses, les glissements de terrain rapides (éboulements) et les glissements lents (mouvements lents, qui peuvent durer des jours ou des années, correspondant au détachement d'une grande masse de terrain sur une couche stratigraphique particulièrement plastique).
Catastrophes climatiques
Parmi les catastrophes climatiques, on peut regrouper celles liées aux systèmes de pression (cyclones, tornades, trombes, vents, tempêtes), celles liées aux perturbations météorologiques (inondations, orages, foudre) et celles liées aux variations climatiques dues à des causes externes à la Terre (périodes chaudes ou froides, crises climatiques).
Les cyclones se forment au-dessus des océans lorsque la température de l'eau est supérieure à 26 °C. L'ascendance d'air chaud forme un système tourbillonnaire dépressionnaire de 300 à 800 km de diamètre, où les vents circulaires peuvent dépasser 300 km/h. Des centaines de cyclones se créent chaque année entre les 8e et 30e degrés de latitude pour les deux hémisphères, d'où le qualificatif de tropical qui leur est généralement donné. Les tornades se créent, à terre, lorsque de l'air chaud est aspiré en tourbillonnant vers l'air froid des couches supérieures. Malgré leur taille modeste, de 40 à 200 m de rayon, et leur courte durée de vie (quelques dizaines de minutes), les tornades sont très dévastatrices en raison de la baisse brutale de pression dont elles sont le siège et des vents violents qu'elles génèrent, qui peuvent atteindre 600 km/h, détruisant tout sur leur passage. Les trombes sont les équivalents marins des tornades.
Les masses d'air obéissent à deux règles simples : elles se déplacent des zones de haute pression vers les zones de basse pression, l'air chaud monte et l'air froid descend. À côté des grands courants de circulation atmosphérique, il existe des vents régionaux (le foehn, le mistral, la tramontane, etc.), des vents saisonniers (comme la mousson) et des vents qui se forment au hasard des rencontres de masses d'air et qui peuvent générer des tempêtes (vitesse de 80 à 120 km/h). Tous peuvent provoquer des dégâts par leurs effets thermiques ou mécaniques.
Enfin, les événements ENSO (El Niño Southern Oscillation) peuvent aussi être rattachés aux catastrophes liées aux systèmes de pression. Décrits d'abord dans le Pacifique Sud, ils intéressent aussi l'Atlantique et l'océan Indien. Leurs conséquences sont souvent catastrophiques ; il pleut là où le soleil devrait briller, la sécheresse s'installe là où il devrait pleuvoir, des cyclones et des tempêtes se créent là où on ne les attend pas.
Les perturbations climatiques peuvent amener des pluies excessives et des orages. Le cas le plus fréquent d'inondation correspond à la sortie d'un cours d'eau de son lit. Il est presque illusoire de vouloir contenir les crues centennales de grands fleuves comme le Mississippi (États-Unis) ou le fleuve Jaune (Chine), intéressant des bassins versants de plusieurs dizaines de milliers de km2. En revanche, pour les bassins versants de plus faible extension (de quelques dizaines à quelques centaines de km2), les inondations ne sont pas toujours inévitables et, trop souvent, l'impact des aménagements est plus fautif que le climat. À côté des débordements de rivières, un autre type d'inondation résulte des pluies torrentielles d'orage sur des sols déjà gorgés d'eau : l'eau ne s'infiltre pas, mais ruisselle et s'accumule dans les zones topographiquement basses qu'elle inonde. Les orages (1 800 par minute à travers le monde) amènent aussi la foudre, qui tue près d'un millier de personnes chaque année, et la grêle, qui occasionne victimes et dégâts.
Les crises climatiques correspondent aux sécheresses ou aux années trop humides, aux périodes froides ou aux années trop chaudes. Elles sont directement liées au cycle d'activité solaire, qui est de 22 ans. Les variations climatiques concernent des périodes plus longues, comme les glaciations (environ 100 000 ans), entrecoupées d'interglaciations, telle celle que nous vivons actuellement, d'une durée de 10 000 à 20 000 ans. Pendant les interglaciations, des fluctuations se produisent sous forme de périodes plus chaudes, comme le grand optimum climatique, il y a 6 000 ou 8 000 ans, et de périodes plus froides, comme le petit âge glaciaire qui sévit du XVe au XVIIe siècle. Variations et fluctuations climatiques sont dues à des différences d'énergie solaire reçue par la Terre, dépendant principalement de la position relative de la Terre et du Soleil, qui est soumise à des paramètres orbitaux cycliques, et de l'activité de l'étoile. De fortes activités volcaniques ou la chute de météorites sur le globe peuvent aussi perturber le climat planétaire.
Catastrophes biologiques ou écologiques
Ces catastrophes sont de trois types : les épidémies, les épizooties, les invasions et proliférations d'espèces.
Au XIVe siècle, la peste, venue de l'Inde, atteignit Marseille en 1347 et s'étendit sur toute l'Europe, où elle fit de 25 à 30 millions de victimes. Aujourd'hui, malgré les progrès de la médecine, le temps des grandes épidémies n'est pas révolu. Bien au contraire, certaines maladies que l'on croyait disparues resurgissent avec des bacilles encore plus résistants, tels ceux de la tuberculose et du choléra. D'autres fléaux sont apparus plus récemment, comme la maladie de Lyme, la méningite cérébro-spinale ou encore le sida. Les épidémies se propagent beaucoup plus vite qu'autrefois. En effet, n'importe quelle ville du monde n'est guère qu'à quelques heures d'avion de toute zone infectée. De plus, les populations se concentrent : la population citadine représente aujourd'hui plus du tiers de la population totale, alors qu'elle n'en représentait que 2 % en 1800.
Les épizooties, infectieuses et contagieuses, sont, pour les animaux, les équivalents des épidémies. Certaines maladies peuvent se transmettre à l'homme, comme la rage, la brucellose, la maladie du sommeil et, peut-être, car cela n'est pas établi et l'incertitude demeure, la " maladie de la vache folle " (encéphalopathie spongiforme bovine). D'autres épizooties n'ont pas de conséquences directes sur l'homme, comme la fièvre aphteuse, mais peuvent entraîner de lourdes pertes pour les éleveurs.
Le cas le plus célèbre de prolifération d'espèces est celui des lapins en Australie. À partir de 20 individus introduits en 1874, on en comptait plus de 5 milliards en 1940, dévastant le couvert végétal. Les exemples d'espèces animales ou végétales qui ravagent des cultures, déciment des cheptels ou déséquilibrent des milieux écologiques au détriment d'autres espèces sont nombreux à travers le monde : le phylloxera de la vigne, la cochenille des agrumes, le doryphore, la lucilie bouchère, la chenille processionnaire, les essaims de criquets pèlerins ou migrateurs, la crépidule (Crepidula fornicata) ou encore l'algue caulerpe (Caulerpa taxifolia). Du lapin en Australie à la caulerpe en Méditerranée, la plupart de ces proliférations résultent de l'introduction d'espèces dans des habitats éloignés de leur milieu d'origine et donc isolés de leurs prédateurs et parasites naturels qui limitent écologiquement leurs effectifs.
Inégalités face aux catastrophes naturelles
Les hommes ne sont pas tous exposés de la même manière aux catastrophes naturelles. Cette inégalité face aux risques est de deux ordres : géographique et économique.
Inégalité géographique
La plupart des catastrophes se produisent en des lieux bien déterminés. La grande majorité des séismes et des éruptions volcaniques se déroulent aux limites des plaques lithosphériques : zones de subduction (Indonésie, Andes, Japon), zones de collision (Himalaya, au Tibet, Iran, Méditerranée), zones proches des dorsales océaniques ou des rifts (Islande, est de l'Afrique) et au niveau des failles transformantes (Californie). Les cyclones se forment entre 8° et 30° de latitude Nord et Sud. Les sécheresses récurrentes s'installent entre les zones désertiques - où le caractère aride permanent, donc connu, ne crée pas de surprise -, alignées sur les tropiques, et les régions équatoriales humides : Sahel, Namib africain, Nordeste brésilien, sud de l'Inde, Guatemala et sud du Mexique, etc. Les avalanches et les glissements de terrain intéressent, eux, des zones bien localisées des régions montagneuses.
Inégalité économique
Les pertes humaines sont le plus souvent fonction du degré d'équipement technique et du développement économique des sociétés. À l'échelle de la planète, il y a seize fois plus de victimes dues aux risques naturels que de victimes dues aux risques industriels. Mais ce rapport cache une grande disparité puisqu'il passe à 19 dans les pays en voie de développement alors qu'il n'est que de 0,7 en Amérique du Nord et de 0,8 en Europe. Ces chiffres sont encore plus significatifs si l'on précise que le nombre cumulé des victimes des sinistres technologiques est trois fois plus important dans les pays pauvres. Un exemple est donné par la comparaison des conséquences des séismes d'Arménie (1988) et de San Francisco (1989), tous deux de même intensité (magnitude 7), et ayant occasionné respectivement la mort de 25 000 et de 100 personnes. L'explication de cet écart est dramatiquement simple : San Francisco est construite selon des normes parasismiques, les villes arméniennes ne le sont pas. De même, l'observation satellitaire du cyclone Andrew, en août 1992, avait permis aux États-Unis d'évacuer préventivement, grâce à de lourds et coûteux moyens, les habitants des zones côtières basses de Floride, puis ceux du golfe du Mexique, soit 2,8 millions de personnes au total. En revanche, le Bangladesh ne peut entreprendre des évacuations d'une telle ampleur, ni même prévenir les populations, et chaque fois qu'un cyclone - la fréquence moyenne est de 1,5 cyclone par an - balaie ce pays plat, c'est par dizaines ou centaines de milliers que l'on compte les victimes.
Par ailleurs, les pentes d'un volcan recouvertes de cendres ou les plaines d'inondation d'un grand fleuve, riches en limons, sont assurément les terres les plus fertiles, sur lesquelles s'installent donc préférentiellement les populations, malgré les risques encourus. Enfin, la démographie croissante est à prendre en compte dans les bilans des victimes des catastrophes naturelles. Parmi les régions à forte densité de population, le Mexique, le Pérou, l'Éthiopie, l'Inde, le Pakistan, le Bangladesh, Java, les Philippines, l'est de la Chine, etc. réunissent des caractères de sous-développement, de fortes densités de population, principalement urbaine, et une exposition à plusieurs types de risques naturels. L'instabilité politique que connaissent certains pays peut, de surcroît, constituer un facteur aggravant en cas de catastrophe.Nous remercions le site Webencyclo pour sa documentation