La gestion des déchets
Les filières traditionnelles
 
La mise en décharge et l’incinération sont les deux principales filières d’évacuation des déchets. Elles constituent cependant toutes deux des menaces pour l’environnement et sont aujourd’hui remises en question. Ainsi, en France, le nombre de décharges sera limité à l’horizon 2002. Quant aux incinérateurs, accusés de générer des dioxines particulièrement toxiques, ils sont aujourd’hui dans le collimateur des organisations écologiques.

 

Limiter les décharges

Décharge « sauvage » d'ordures ménagères sur le littoral méditerranéen.

Décharge « sauvage » d'ordures ménagères sur le littoral méditerranéen.

En France, c’est la loi du 13 juillet 1992 qui définit le cadre environnemental de la gestion des déchets. Selon cette loi, seuls les déchets ultimes (les déchets de déchets), seront mis en décharge à partir de 2002. La nouvelle législation prévoit le développement des filières permettant de valoriser et recycler les déchets, pour en finir avec une pratique dont les conséquences ne sont pas neutres pour le milieu naturel. Chaque département doit préparer son plan d'élimination des déchets en tenant compte des installations déjà existantes : usines d'incinération d'ordures ménagères, centres de tri ou filières de recyclage déjà opérationnelles. Les choix doivent être faits en tenant en compte des distances à parcourir pour les camions qui transporteront des ordures vers un centre de traitement.

Huit mille décharges brutes sont actuellement recensées par l'administration française. En réalité, il en existe probablement beaucoup plus. Le Bureau de recherche géologique et minière (BRGM) est en train de passer les départements français au peigne fin pour faire l'inventaire de toutes ces décharges, sauvages ou autorisées. Pour cet organisme, il n'est pas irréaliste de dire qu'il y a probablement deux décharges en moyenne par commune, la France en comptant plus de 30 000…

Pour les petites communes, il est difficile de financer l'élimination de ces points noirs, sources de pollution pour le milieu naturel, pour l'eau. La plupart du temps, dans une petite localité, une décharge fermée est un tas d'ordures simplement recouvert d'une couche de terre, et dont le fond n'est pas isolé du sous-sol. Elle peut mettre une dizaine d'années avant de laisser échapper ses poisons qui sont ensuite transportés par les rivières et les pluies. En revanche, une décharge contrôlée récupère les jus produits par les déchets qui fermentent. De plus en plus souvent, les vapeurs, les gaz produits sont transformés en énergie.

La décharge d’Entressen

La plus grande décharge à ciel ouvert d'Europe est française. Elle continuera de recevoir les ordures ménagères de la ville de Marseille après l'échéance du 1er juillet 2002. Cette gigantesque décharge (des déchets empilés sur 30 mètres d'épaisseur) se trouve à proximité d'Entressen, une petite commune des Bouches-du-Rhône où la ville de Marseille possède un terrain. Depuis 1912, Entressen reçoit donc les déchets de la grande métropole du sud de la France. Les élus de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur connaissent l'échéance de 2002 : en principe, toutes les décharges brutes doivent fermer l'année prochaine. En outre, celle d’Entressen pose des problèmes pour l'environnement  : les écologistes  ont fait part de nombreuses fois de leur inquiétude concernant la non-étanchéité de cette décharge qui pollue la nappe phréatique  (elle est à faible profondeur) qui communique d’ailleurs avec la mer Méditérranée.

Cependant, les responsables politiques locaux n'ont pas encore trouvé la solution de remplacement, modifiant plusieurs fois leur stratégie pour gérer les 500 000 tonnes d'ordures produites chaque année par les Marseillais. La troisième ville de France a pourtant un projet pour gérer ses déchets : 50 % d'incinération, 50 % de recyclage. Reste à trouver les sites, les électeurs n'ayant guère envie d'une installation de ce genre dans le voisinage. C'est le syndrome du NIMBY, Not in my back yard (« pas près de chez moi »).

Échéance 2002 : cap maintenu, avec des nuances

Un peu plus d'un an après son arrivée au gouvernement en 1997, la ministre de l’Environnement et de l’Aménagement du territoire, Dominique Voynet, envoie une circulaire aux préfets au sujet des plans départementaux d'élimination des déchets. L'échéance de 2002 est maintenue pour la fermeture des décharges, mais avec des aménagements. Pour ce qui est des plans départementaux, ils doivent désormais donner la priorité au recyclage afin de limiter le recours à l'incinération. La ministre fixe un objectif national pour le recyclage des déchets : 50 % des matières doivent être valorisées, soit en les réutilisant dans différents secteurs industriels (par exemple, les boîtes de boisson en aluminium sont recyclées dans la sidérurgie), soit en brûlant ces déchets et en récupérant l’énergie produite pour alimenter par exemple les réseaux de chauffage urbain.

La circulaire Voynet assouplit par ailleurs la réglementation concernant les décharges. Après 2002, une décharge par département est encore autorisée à accueillir des déchets autres que des déchets ultimes. À une condition toutefois : tout ce qui est valorisable aura préalablement été retiré de ces ordures, soit par le biais du recyclage (par exemple récupération des plastiques et du verre), soit par méthanisation (récupération des gaz émis par les déchets pour produire de l'énergie), soit par compostage (utilisation des déchets végétaux pour fabriquer du compost, un engrais vert). Ces décharges départementales seront bien entendu contrôlées, et construites suivant des normes de sécurité garantissant leur étanchéité.

Enfin, les plans d'élimination des déchets ne seront pas programmés sur le même modèle dans tous les départements. Le ministère de l'Environnement a entendu le message des zones rurales, inquiètes devant la lourdeur des investissements à réaliser pour construire une usine d'incinération et se mettre en conformité avec la nouvelle réglementation. Les plans ne seront pas transposables dans des départements ruraux ayant moins de 300 000 habitants. L'incinération sera privilégiée dans les zones urbaines où l'habitat est dense, la collecte des ordures concentrée, et la chaleur produite facile à distribuer dans les habitations.

L’incinération mise en accusation
Fin 1997 et début 1998, on découvre dans les départements du Nord et de la Somme des traces de dioxine dans du lait et dans des produits laitiers, à un taux de 2 ou 3 picogrammes (millionième de millionième de gramme) par gramme de matière grasse. Les vaches avaient brouté de l'herbe dans des prés situés à proximité d'une usine d'incinération. Les incinérateurs de déchets sont alors mis en accusation : on découvre que plusieurs d’entre eux, relativement anciens, rejettent des fumées contenant trop de composants chlorés, notamment des dioxines, qui se déposent ensuite sur le sol. Le bétail mange donc de l'herbe contaminée par ces substances dangereuses qui se concentrent ensuite dans les graisses animales et dans le lait, et sont transmises aux personnes qui en consomment. Certaines de ces dioxines, les TCDD, ou tetrachlorodibenzodioxines, sont considérées comme cancérogènes : elles peuvent notamment perturber le système hormonal et le système immunitaire, ou provoquer des malformations chez les fœtus.

Les dioxines se forment dans les incinérateurs par une recombinaison du chlore contenu dans les ordures avec d'autres substances. Un baladeur, par exemple, contient des PCB, des polychlorobiphényles (le pyralène est le plus connu d’entre eux). Ces produits chimiques servent d'isolant dans les condensateurs, soumis à des variations de température importantes. Lorsqu’un baladeur jeté à la poubelle se retrouve dans un incinérateur, les PCB qu’il contient produisent en brûlant de la dioxine.

Incinérateur pour les déchets solides urbains

Incinérateur pour les déchets solides urbains

 

Les dioxines

Les dioxines apparaissent chaque fois que du carbone, du chlore et de l'oxygène brûlent ensemble. Ces molécules complexes encore mal connues ont été mises en évidence en 1976, après la catastrophe chimique de Seveso, en Italie. Une explosion eut lieu dans une usine. Des dioxines se répandirent dans l’atmosphère et se déposèrent sur les terres avoisinantes. Quelques jours plus tard, des animaux mourraient, puis des enfants furent atteints d’affections de la peau.

Les dioxines sont principalement émises par les incinérateurs, même si les usines sidérurgiques en produisent également. La difficulté, pour mesurer ce polluant, c'est sa forte dilution. Pour les polluants ordinaires, on raisonne en tonnes. Pour les dioxines, l'échelle est au millionième de millionième de gramme (picogramme). En 1990, les experts de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ont fixé la dose journalière admissible de dioxine pour le corps humain à 10 picogrammes par kilogramme. En 1998, l'OMS a revu ses normes à la baisse : la norme admissible est passée de 10 à 4 picogrammes.

Mesurer le taux de dioxine à la sortie d'une cheminée est une opération complexe et coûteuse (20 000 francs par prélèvement) mais nécessaire. Les quantités de dioxine rejetées dans l'air sont en baisse constante (1 kg par an en France en 1996, 0,4 kg aujourd’hui) grâce à la récupération des poussières sur les cheminées des incinérateurs.

Des solutions d'avenir

Grâce à la bonne volonté de chacun, le recyclage (récupération d’une partie des déchets) est en train de s’imposer. Cette pratique présente différents avantages : elle permet de réduire le volume des déchets stockés, et donc de préserver l’environnement, mais aussi de limiter l’exploitation des ressources naturelles puisque l’industrie réutilise des matières premières qui ont déjà servi.

La percée du recyclage et du tri sélectif

Récupération de papiers usagés, stockés en attendant d'être transportés dans une usine de recyclage.

Récupération de papiers usagés, stockés en attendant d'être transportés dans une usine de recyclage.

Le recyclage  va de pair avec le tri sélectif. Petit à petit, il s'impose en France : plus de 24 000 communes jouent désormais le jeu. Soit elles collectent chez leurs administrés des déchets triés « à la source », soit elles mettent à la disposition des habitants des bacs où chacun peut apporter du verre, du carton, des journaux, du ou des plastiques, du métal, la tonte du gazon. Chaque Français produit en moyenne 352 kg d’ordures ménagères par an. Grâce à de simples gestes de la vie quotidienne, plusieurs millions de tonnes d'acier, d'aluminium, de papier-carton, de plastiques et de verre ont déjà été réinjectés dans l'industrie. Les éléments récupérés peuvent être réutilisés de diverses façon : ainsi, un emballage recyclé pourra entrer dans la composition d'un objet tout différent comme un paillasson, un tuyau ou un pare-choc.
Beaucoup de communes organisent elles-mêmes le ramassage des ordures ménagères et sous-traitent ensuite la gestion à de grandes entreprises spécialisées. L'administration française a d’ailleurs baissé le taux de TVA de 20,6 % à 5,5 % sur le service d'élimination des déchets ménagers, à condition que la collecte sélective et le tri soient mis en œuvre par la commune. Les parents pauvres du tri restent les petites communes, où la mise en décharge reste le mode principal d'élimination des ordures.

 

La Suisse, un exemple à suivre ?

En l'an 2000, en France, grâce aux efforts de chacun, plus d'un emballage sur deux a été recyclé. Cependant, si les Français sont de plus en plus nombreux à procéder au tri sélectif, ils ne sont pas prêts à acheter, comme en Grande Bretagne, en Allemagne ou en Espagne, des produits alimentaires en vrac. La disparition des emballages représenterait pour eux une régression dans leur mode de vie.

Toutefois, si le volume des déchets continue d’augmenter malgré une politique du recyclage, l'administration pourrait s'y prendre autrement pour infléchir les courbes. En Suisse, les poubelles sont individualisées. Chaque famille paie une taxe sur le ramassage des ordures ménagères en fonction du poids, du volume de ses propres ordures. Une manière d'amener les récalcitrants à trier au minimum le verre qui pèse lourd dans le sac poubelle. Avec cette personnalisation des poubelles à l'aide d'une puce électronique, on dit que la nuit il y a du trafic d'ordures dans les rues des villes helvétiques…

 Le rôle des cimenteries

Outre le recyclage, la France, comme le Danemark ou la Suisse, a fait le choix de la valorisation énergétique des déchets. Les cimenteries notamment, dont les fours montent à de très hautes températures, récupèrent de l'énergie en brûlant des pneus usagés, des huiles et maintenant des farines animales, désormais inutilisables dans l'alimentation du bétail mais qui continuent à être fabriquées à partir des carcasses des animaux de boucherie.

Si aujourd'hui il n'y a plus de polémique entre les professionnels du traitement des déchets et les cimenteries, il n’en était pas de même il y a quelques années. Les premiers accusaient les seconds de concurrence déloyale. L'administration traita le différend entre les deux secteurs en imposant des normes plus sévères aux cimenteries. La destruction des ordures est de toute façon plus efficace dans les cimenteries, où les fours peuvent monter à des températures de 1 500 °C, contre 800 °C seulement dans un incinérateur de déchets. En outre, dans un incinérateur, il reste 30 % de cendres sur la quantité totale d'ordures brûlées, et ces résidus de combustion peuvent contenir des produits dangereux comme des traces de métaux lourds, qu’il faut ensuite stocker avec précaution dans des décharges spécialisées.

Un nouveau secteur d’activité

Pendant longtemps, les filières de recyclage ont eu du mal à trouver leur équilibre financier. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Au printemps dernier, la Federec (la Fédération des professions du recyclage) parlait de l'an 2000 comme d'un bon cru. Le tonnage traité par les professionnels a en effet atteint, l'année dernière, 35 millions de tonnes. La Federec attribue cette performance à la croissance qui incite à consommer, donc à jeter.

Le développement des collectes sélectives et la fin de la baisse des cours des matériaux récupérés sont également un gage de santé économique pour ces nouveaux secteurs industriels.

Attention : Danger !

Selon les estimations du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), plus de 400 millions de tonnes de déchets dangereux sont produits chaque année dans le monde. La Convention de Bâle qui depuis 1989 réglemente les mouvements transfrontaliers de ces déchets, ne peut cependant empêcher bon nombre de pays industrialisés de transformer les pays plus pauvres – contre espèces sonnantes et trébuchantes – en décharges pour produits toxiques, au mépris du danger qu’ils représentent pour les populations et l’environnement.

La convention de Bâle

Ouvrier portant une combinaison de protection ainsi qu'un masque à gaz et déchargeant des sacs d'amiante

Ouvrier portant une combinaison de protection ainsi qu'un masque à gaz et déchargeant des sacs d'amiante qui seront enterrés dans un site réservé. Les inhalations des fibres d'amiante peuvent causer des lésions du poumon, comme le cancer.

Dans les années 1980, des pays industrialisés tentent d'envoyer leurs déchets dangereux dans des pays du tiers-monde. Des sommes colossales sont proposées aux gouvernements, le plus souvent africains (Guinée-Bissau, Somalie, Nigeria, Namibie), pour stocker ces déchets, en général sans précaution, alors qu’il n’existe même pas d’installations techniques appropriées sur le site d'accueil. Tout comme dans les pays de l'ex-Union soviétique, l'importation de déchets toxiques est considérée comme une solution pour faire rentrer des devises.

Un premier scandale éclate début 1988. Pendant deux mois, un cargo syrien, le Zanoobia,  erre sur les mers avec plus de 20 000 tonnes de déchets toxiques à son bord. Tous les points de débarquement prévus par l'expéditeur italien refusent la cargaison : Djibouti, Venezuela, Sardaigne… Finalement le navire retourne à son port de départ en Italie. L'histoire du Zanoobia fait le tour du monde et scandalise des opinions publiques jusque-là peu informées du devenir des déchets industriels. Une association, l'EEE (l'Entente européenne pour l'écologie), relayée par la presse, révèle un trafic organisé par des sociétés écrans installées en Suisse, au Liechtenstein, à Gibraltar ou sur l'île de Man.

Les Nations unies tentent de faire cesser ce trafic en mettant au point la convention de Bâle. Ce traité international, signé en 1989, a pour ambition de contrôler les mouvements transfrontaliers de déchets dangereux. Les écologistes le critiquent cependant, car il ne peut empêcher l’exportation de déchets encore pratiquée sous couvert de recyclage. Au début des années 1990, de nouveaux scandales éclatent concernant le trafic de déchets. En 1995, un amendement est ajouté à la convention. Il confirme l'interdiction, pour les pays membres de l'Organisation pour la Coopération et le Développement Economique (OCDE)  d'exporter des déchets dangereux dans les pays non-OCDE. Cependant des échanges de matériaux restent possibles entre pays non-OCDE. La Corée du Sud, le Brésil, l'Inde, les Philippines veulent continuer à récupérer, dans les pays du Sud, des métaux, même contaminés. Les États-Unis, premiers producteurs de déchets industriels du monde, n'ont pas signé cette convention.

Que faire des déchets nucléaires ?
Le président Poutine  a autorisé en juillet dernier l'importation de déchets nucléaires en Russie. Il a finalement obtenu l'autorisation de la Douma, le parlement russe, après un feuilleton politique qui a duré pendant plusieurs mois. Au sein des partis politiques, chez les scientifiques comme chez les écologistes, il y avait de fortes oppositions face à ce genre d'importations. Mais la Russie espère gagner 20 milliards de dollars dans les dix ans à venir en stockant et en retraitant des déchets nucléaires. Le Japon, la Chine, l'Iran, plusieurs pays d'Europe orientale et les États-Unis seraient tentés de se débarrasser de leurs déchets nucléaires en les confiant à la Russie, qui a l'intention de les stocker à Tcheliabinsk, en Oural, ou encore à Tomsk et à Krasnoïarsk, en Sibérie, dans des installations nucléaires déjà existantes.

Vue extérieure d'une tranche nucléaire de la centrale de Creys-Malville (France)

Vue extérieure d'une tranche nucléaire de la centrale de Creys-Malville (France). On distingue, à gauche, l'enveloppe de confinement, en béton armé, du réacteur et des installations radioactives et, à droite, la salle des machines (non radioactive).

Même si aucun pays européen n'a encore annoncé publiquement et officiellement son intention d'envoyer ses déchets nucléaires en Russie, il semble que la Suisse ou encore l'Allemagne, elles aussi, sont intéressées. Il faut dire qu'aucun pays occidental ayant développé une filière électro-nucléaire n'a encore résolu le problème des déchets que chaque réacteur nucléaire produit. Ces déchets sont plus ou moins toxiques, et certains ont une durée de vie de plusieurs millénaires.

Dans ses toutes dernières statistiques, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) indique que le monde compte 438 réacteurs nucléaires en activité qui fournissent 16 % de la demande mondiale d'électricité. En revanche, l'agence internationale basée à Vienne se garde bien de publier le chiffre du volume de déchets produit par ces réacteurs. La France, qui se place parmi les dix premiers pays dépendant le plus de l'énergie nucléaire, commence à se préoccuper du devenir de ses déchets. Les « anti-nucléaire » estiment pour leur part que la meilleure manière de ne plus produire de déchets nucléaires dangereux serait de réorienter la politique énergétique de la France, ce qui n’est pas d’actualité à l’heure actuelle. Une recherche de sites pouvant accueillir les déchets les plus radioactifs  a été entamée il y a plusieurs années. Après un moratoire total sur ces recherches en raison de l'opposition des populations concernées, le seul site aujourd'hui retenu est le site de Bure, dans la Meuse. Les travaux ont commencé pour construire un laboratoire et étudier le comportement des déchets nucléaires dans un sous-sol argileux. Les écologistes ont plusieurs fois manifesté contre sa construction. Ils craignent qu'il soit par la suite transformé en site de stockage.

Stockage, entreposage : les spécialistes jouent sur les mots. Ainsi les combustibles nucléaires usés étrangers qui arrivent à l'usine de retraitement de la COGEMA (Compagnie générale des matières nucléaires), à la Hague, dans le Cotentin, dans des conditions de transparence souvent discutables, sont toujours considérés officiellement comme étant « en attente de retraitement ». Pour les écologistes, Greenpeace en tête, il s'agit de stockage, le retraitement n'étant pas toujours programmé. Plusieurs feuilletons judiciaires sont d'ailleurs en cours pour déterminer si les matières nucléaires qui arrivent à la Hague sont ou non des déchets. La loi Bataille de 1991 prévoit le retour dans leur pays des combustibles étrangers retraités en France pour en extraire le précieux Plutonium. Mais pour le moment, peu de déchets sont rentrés dans leur pays d'origine.

Le recyclage des vieux ordinateurs

Les fabricants d'ordinateurs vont bientôt être obligés d'intégrer dans leurs prix le coût de l'élimination de ces appareils électroniques, lorsqu'ils arrivent en fin de vie. Une directive européenne est en préparation. Elle prévoit une responsabilité partagée entre les 15 États membres de l'Union européenne, les distributeurs et les fabricants.

Des collectes séparées devraient donc voir le jour. Les consommateurs auront aussi la possibilité de rapporter leur vieil ordinateur là où ils l'ont acheté. La directive espère ainsi favoriser la naissance d'un parc d'ordinateurs d'occasion. Bruxelles voudrait également que ces déchets électroniques soient recyclés, mais ce type d’opération est particulièrement difficile. Les ordinateurs contiennent en effet des métaux lourds comme du cadmium ou des composés bromés retardateurs de flamme qu’il faudra extraire, tout comme le verre, le caoutchouc, des plastiques de plusieurs sortes, des tiges métalliques, de l'aluminium, de l'encre, des métaux précieux, des batteries, des accumulateurs, des circuits imprimés…

Avec cette directive, qui devrait être adoptée d’ici cinq ans, la commission de Bruxelles espère inciter les fabricants à utiliser moins de produits dangereux pour l'environnement et difficiles à récupérer. Certains fabricants sont tout de même en train d'anticiper l'entrée en vigueur de la réglementation européenne et reprennent déjà ordinateurs et imprimantes hors d'usage.

Nous remercions le site Webencyclo  pour sa documentation